vendredi 12 février 2016

[INTERVIEW] Nicolas Skinner, Auteur de [Noire Neige]




Un soir d'hiver, Nicolas Skinner, l'auteur de Noire Neige (Roman de dark fantasy publié aux Editions NATS que j'ai chroniqué ICI) a accepté de se prêter au petit jeu des questions-réponses. Voici l'intégralité de notre interview, fait en live, sur Skype. Accrochez-vous, ça promet ! 

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Iman : Bonjour Nicolas, encore merci du temps que tu veux bien nous accorder pour répondre à ces quelques questions. Il est tard, aussi je propose que nous commencions donc sans tarder :

Si tu devais te présenter en quelques mots, lesquels utiliserais-tu ?


Nicolas : En quelques mots ? Je dirais : Rationnel, sérieux, rêveur


Iman : Rationnel et rêveur... j'ai envie de polémiquer sur cela mais nous y reviendrons ! Peux-tu te présenter au-delà de ces quelques mots ? Qui es-tu, Nicolas, en dehors de l'écriture ? ;)

Nicolas : Je suis un ingénieur breton de 31 ans. J'ai beaucoup voyagé, notamment en Asie. Je pratique également la musique via mon groupe Sinlust et mon projet solo Firefrost.

Iman :  Musique et écriture : quel beau mélange ! Quel genre de musique jouez-vous dans ton groupe ? Est-ce une source d'inspiration pour tes écrits ?

Nicolas : Nous jouons du metal, plus précisément du black metal. Genre à déconseiller aux âmes sensibles ! La musique est en effet liée à l'écriture... Car le premier album de Sinlust, Snow Black, était un concept album : les paroles de chaque morceau relataient en quelque sorte le chapitre d’une histoire complète. Après l’enregistrement de Snow Black, je me suis dit qu’il serait intéressant de coucher proprement cette histoire par écrit… Ainsi est né Noire Neige.


Iman :  Très intéressant ! L'idée de ton roman "Noire Neige" te serait donc venue en écrivant les paroles des chansons de cet album ? Ou de façon plus anodine ?

Nicolas : C'est exactement ça : l'histoire de Snow Black a même été travaillée par tous les membres du groupe. Pour l’anecdote, le point de départ de cette histoire est le concept de neige noire. Cette idée m'est venue alors que nous donnions des noms provisoires aux morceaux, car nous travaillons toujours l'instrumental d'abord, les paroles viennent en dernier. L'un d'entre eux était bien lent et très black metal, je l'avais alors naturellement nommé "Slow Black". Ce qui, en changeant une lettre, donne... vous avez deviné.  J'étais très content d'avoir trouvé ce concept de neige noire, car en fouillant sur internet, je me suis vite rendu compte que cette idée n'avait pas été exploitée jusqu'alors, ou très peu. De là, nous avons imaginé une histoire dans un contexte médiéval où apparaîtrait cette neige noire. Après, l'histoire de Snow Black n'était que l'embryon de Noire Neige, dont je me suis chargé de la rédaction à 100%. En effet, l'histoire de Snow Black tenait sur 4 pages et ne faisait intervenir que 3 personnages en tout et pour tout. J'ai parcouru beaucoup de chemin pour arriver à un roman de 400 pages : il m'a fallu près d'un an et demi pour l'achever.

Iman :  Du coup, l'idée de publier cette histoire t'est-elle venue du moment où tu avais décidé de l'écrire ? Ou est-ce un concours de circonstances qui t'a amené à le terminer, puis le faire éditer et publier ?

Nicolas : Il s'agit du second choix ! Je n'avais jamais songé à l’édition en écrivant Noire Neige. À la base, ce devait même être une simple nouvelle, qu'on aurait sans doute posté en lecture libre sur le site de Sinlust. Je comptais me limiter à 80 - 100 pages tout au plus... Puis, en l'écrivant, plusieurs idées de nouveaux personnages et de nouvelles sous-intrigues me sont venues. Et, par effet boule de neige (…noire, héhé), plus l’intrigue avançait, plus je me disais : « tiens, que se passerait-il si tel personnage secondaire s’impliquait davantage, ou si tel événement survenait ? ». J’ai également fait relire les premières versions par des proches, qui m’ont donné quelques idées de développements complémentaires. Enfin, j’ai posté des extraits de mon roman sur des forums littéraires, où j’ai pu récolter de nombreux commentaires constructifs, qui m’ont aidés tant sur le fond que sur la forme.

Au final, en lieu et place d'une nouvelle de 100 pages, j’ai accouché d’un roman de 400 pages ! Après l’avoir longuement travaillé et peaufiné, je me suis dit : pourquoi ne pas tenter l’édition ?

Iman :  Je comprends ! J'aimerais d'ailleurs en profiter pour rebondir, vu qu'on parle de maisons d'édition, sur ton expérience dans ce domaine. Le contact s'est-il fait simplement ? As-tu trouvé la maison de ton coeur du premier coup ?

Nicolas : Avant de me lancer dans la recherche d'une maison d’édition, j’ai eu le réflexe de me renseigner sur ce milieu, grâce à des articles internet, mais aussi grâce aux retours d’expérience que j’ai pu glaner dans certains forums littéraires, comme l’excellent forum Jeunes Écrivains qui a une section entière dédiée à l’édition.

Ainsi, je savais à quoi m’attendre, et j’ai directement restreint ma recherche aux maisons d’édition à compte d’éditeur qui publient principalement de la littérature de l’imaginaire. Sur une trentaine de soumissions de mon manuscrit, j’ai reçu deux réponses positives au bout de quatre mois. Ce n’est pas si mal, si l’on considère les retours d’expérience que j’ai pu lire sur les forums littéraires : certains soumettent en vain leur manuscrit durant plusieurs années, contactant parfois plus de cent maisons d’édition… Des deux réponses positives, j’ai jeté mon dévolu sur celle de Nats Éditions, une jeune maison d’édition à compte d'éditeur. Je n’ai pas eu à le regretter, car l’éditrice est sérieuse et passionnée. Grâce à elle, j’ai eu la chance de participer à d’importants événements littéraires, comme les Imaginales à Épinal, les Halliennales du côté de Lille, ou encore le salon Fantastique à Paris.

Iman :  Nats Editions est en effet une maison de qualité que j'apprécie beaucoup ! Tu as dû ressentir toutes sortes de sentiments contradictoires en voyant ton livre en vente, je suppose ? Surtout lorsqu'on voit la magnifique couverture dont il est doté ! D'ailleurs, as-tu influé dans le choix de cette couverture, qui à mon sens est très parlante quand on connait le contenu de ton livre ?

Nicolas : C'est une sensation très étrange en effet ! Lorsque j'ai reçu le BAT (bon à tirer, premier exemplaire imprimé qu'on valide après avoir vérifié le format, la pagination, etc.), j'ai réalisé que je tenais dans mes mains l'aboutissement de centaines d'heures de travail. C'est d'autant plus vrai que j'avais ciblé ma recherche de maisons d'édition uniquement sur celles qui acceptaient les soumissions par email. Mon manuscrit n'avait donc jamais été imprimé, et donc matérialisé.

Je suis d'accord, la couverture de Noire Neige est sublime, je remercie d'ailleurs Antera qui a fait un travail remarquable. Je l'avais laissée assez libre de faire ce qu'elle voulait, je ne souhaitais pas brider sa créativité. Elle a lu le roman et m'a proposé un premier jet qui était très proche de la version finale. En effet, le résultat était excellent et je n'ai souhaité retoucher que quelques détails.


Iman :  La graphiste a donc lu le livre : un très bon choix à mon avis, on le ressent ! Parlons de ton livre maintenant (je te remercie d'ailleurs de ta patience jusque-là) : as-tu un personnage auquel tu tiens particulièrement ? (promis, tu as toujours le droit de le tuer, après! lol) y a-t-il des scènes qui t'ont particulièrement marquées (que ce soit lors de leur écriture que dans le sens que tu as voulu leur donner ou même le ressenti qu'elles te procurent) ? des personnages que tu as eu peine à tuer ?

Nicolas : Alors, quels sont les personnages auxquels je tiens particulièrement... Eh bien, aucun, à vrai dire, c'est peut-être pourquoi j'ai autant de facilité à les tuer ! héhé. Plus précisément, ils sont tous d'égale importance à mes yeux. Je les travaille et les façonne de façon à ce qu’ils sonnent tous « vrais », avec pour chacun une volonté propre, des motivations crédibles, et surtout une part sombre, plus ou moins développée. Je déteste les personnages basiques ou clichés, comme le héros qui part sauver le monde ou le méchant qui souhaite le dominer. Au contraire, j’apprécie beaucoup l’ambivalence inhérente à l’espèce humaine.

Bon, si vraiment je devais choisir un personnage préféré, ce serait Warkhan : comme moi, il est très rationnel et logique, parfois trop, ce qui le pousse à agir d’une manière impartiale, mais qu’il considère juste. Mais, encore une fois, j’apprécie autant tous les personnages, ils comportent tous une partie de moi en eux, même minime.

En ce qui concerne les scènes qui m’ont marqué, il y en a deux : celle de l’écartèlement, et celle de l’enfance de Jéduh. Je n’en dirais pas plus pour ne pas spoiler, mais dans les deux cas je me suis beaucoup documenté sur le sujet afin qu’elles sonnent crédible et authentiques.

Iman :  Je veux bien te croire pour la scène de l'écartèlement ! Je m'y croyais presque en le lisant :) Ce qui m'amène à te poser deux questions cruciales : quand est-ce qu'on lira enfin la suite de Noire Neige ? combien de tomes as-tu prévu pour cette saga ? et enfin, envisages-tu d'autres projets d'écriture ?

Nicolas : La suite de Noire Neige s’intitule Noire Mer, et son histoire se déroulera treize ans après, toujours sur l’île d’Isulgaar. On retrouvera bien sûr les personnages du premier opus, afin de voir ce qu’ils sont devenus, tandis que de nouveaux venus feront leur apparition. Concernant l’intrigue, je ne peux pas trop en dévoiler pour l’instant, mais je peux affirmer qu’à l’instar de Noire Neige, il y aura des complots insidieux, des voyages épiques et de la violence sanglante. Sinon, vous l’aurez deviné vu le titre, il se pourrait bien que de mystérieux navires voguant sur des flots sombres fassent leur apparition… Il n’y a pas de date de sortie prévue, car le roman est toujours en correction chez Nats Editions, mais on peut tabler sur avril-mai (…2016, je vous rassure !). Et, bien sûr, cette histoire sera également celle relatée dans les paroles du deuxième album de Sinlust, Sea Black, qui sera donc en quelque sorte sa bande originale.

De même que Noire Neige, Noire Mer se termine par une fin ouverte : l’intrigue principale est refermée, mais de sous-intrigues restent ouvertes et laissent entrevoir la possibilité d’une suite. Suite pour laquelle j’ai déjà quelques idées… mais je ne sais vraiment pas quand je commencerais à travailler dessus, ni même si je l’écrirai un jour. Si les retours sur Noire Mer sont positifs et qu’on me la réclame, pourquoi pas !

Enfin, j’ai un autre projet d’écriture qui me trotte depuis longtemps dans la tête, bien plus longtemps que Noire Neige et Noire Mer. Il s’agira d’un projet très différent : ce sera du fantastique/SF, mais je ne peux vraiment pas en dire plus à l’heure actuelle.

Iman :  Merci de ces précisions, on attend la suite de Noire Neige ainsi que tes autres projets avec impatience ! Voilà, nous y sommes aux fameuses questions sur la Chine qui ne pouvaient pas louper, étant moi-même une fan incontestée de ce pays et surtout de leur langue : dans quelles circonstances y es-tu allé ? As-tu apprécié ? Y retournes(neras)-tu ? Parles-tu le mandarin ? Maintiens-tu un lien avec ce pays/cette langue aujourd’hui ?

Nicolas : Alors, je suis parti en Chine car je souhaitais une expérience à l’international. Je suis parti du principe qu’il faut profiter de notre jeunesse pour aller découvrir le monde tant qu’il est encore temps ! Je souhaitais un pays ayant une influence forte sur la scène économique mondiale, afin de valoriser cette expérience sur mon CV, de même qu’un pays possédant une culture riche. La Chine conciliait parfaitement ces deux exigences. J’y suis donc parti 2 ans, entre 2011 et 2013.

Ce fut une expérience très riche. J’aurais beaucoup de choses à dire dessus, je pourrais même écrire un roman dessus, mais ce n’est pas le sujet ! … Ah, si, en fait… héhé. Plus sérieusement, j’ai apprécié certains aspects, et moins aimé d’autres, mais au global ça reste une expérience très positive. Et j’en ai profité pour beaucoup voyager en Asie : Thaïlande, Malaisie, Corée (du sud, hein), Philippines, et bien sûr Chine : Sichuan, Yunnan, Pékin, Guilin, Hainan, sans oublier Hong Kong et Macau. L’avantage, c’est que j’étais dans la région de Canton, près de Hong Kong, qui se situe au centre de l’Asie, ce qui permet d’être pas trop loin de tout.

Je connais les rudiments du mandarin, mais je ne le parle pas couramment. Par ailleurs, j’habitais donc dans la région de Canton, où les gens parlent plutôt le dialecte local, le cantonnais, qui n’a absolument rien à voir avec le mandarin. C’est un peu comme aller à Barcelone pour apprendre l’espagnol, en quelque sorte ! Par contre, j’ai énormément amélioré mon anglais, la langue que j’utilisais en entreprise, et aussi durant mes week-end, car je passais beaucoup de temps avec les nombreux expatriés qui venaient de partout dans le monde.

En ce qui concerne le lien avec la Chine, il est toujours très fort puisque ma femme est chinoise ! Je pense que je retournerai un jour en Chine, c’est sûr.

Iman :  Merci pour toutes ces précisions très éclairées, on attend le roman sur la Chine soit dit en passant (héhé). Une question simple ce coup-ci, j’ai cru comprendre que tu serais au Salon Fantastique se déroulant du 26 au 28 Février pour nous dédicacer ton roman. Le confirmes-tu ?

Nicolas : Oui, je le confirme ! J'y serai le samedi et le dimanche.

Iman : Et j'oubliais ! Je devais polémiquer sur ta première réponse. "Rationnel et rêveur..." : ces deux aspects sont souvent contraires, voire incompatibles, ce qui m'amène à me demander quel côté de ta personnalité est rationnelle et laquelle est rêveuse ? Egalement, comment tu gères ce mixte au quotidien ? (j'espère être claire)

Nicolas : Je pense que ces deux termes sont complémentaires. On peut tout à fait rêver de manière rationnelle. Par exemple : aller sur Mars. Ce fantasme fait rêver et inspire depuis longtemps les auteurs de science-fiction. Pourtant, de nos jours, il est rationnel de penser qu’on y posera le pied dans un futur proche, par le biais d’initiatives comme celle d’Elon Musk et de son entreprise SpaceX, qui a pour objectif d’installer une première base sur Mars d’ici 2040. Pour réaliser ce rêve qui alimente tant notre imaginaire, il a fallu y songer de manière rationnelle et établir un projet concret et réaliste. On peut également remarquer que certains génies étaient autant doués pour les sciences (côté rationnel) que pour l’art (côté rêveur), un exemple très parlant étant bien sûr Léonard de Vinci.
En ce qui me concerne, cela ne me joue pas vraiment des tours. Entre mon métier d’ingénieur et mes activités artistiques, j’y trouve au contraire un certain équilibre. L’aspect rationnel m’apporte la rigueur pour mener à bien l’écriture d’un roman ou la composition d’un album, tandis que l’aspect rêveur stimule ma créativité pour innover dans mon travail en entreprise.

Iman :  Et La question de la presque fin ;) La question est à chaque fois « quel est ton… préféré ? » pour tous les thèmes cités : GO !
Livre / Film / Musique ou Groupe / Destination / Sucrerie / Repas / Loisir.

Nicolas : Dur de se limiter à un, c’est très réducteur pour tous les autres que j’ai pu aimer dans chaque catégorie ! Essayons tout de même :

Livre : Le fléau de Stephen King
Film : Heat
Musique ou Groupe : Devin Townsend
Destination : Mars (on n’a pas dit sur Terre, héhé)
Sucrerie : Chocolat
Repas : sushi
Loisir : musique (écouter, composer, jouer)

Iman : Le dernier mot pour toi ?

Nicolas : J’espère simplement que mes romans et ma musique toucheront un maximum de personnes… Je suis d’ailleurs très ouvert aux retours, n’hésitez pas à me contacter via Facebook !

Je souhaite également du courage et de la réussite à tous ceux qui contribuent à l’Art d’une manière générale ; c’est presque tout ce qui nous différencie de vulgaires animaux, loin de l’extrémisme religieux, des dictatures sanglantes ou des conflits barbares qui existent encore de nos jours…

Enfin, merci beaucoup Iman pour cette interview très complète !

Iman : Merci à toi surtout ;) Ce fut un honneur de t'interviewer ! Je suis sûre que tous les lecteurs de mon modeste blog apprécieront tes réponses ainsi que le temps que tu as bien voulu nous accorder. Nous n’oublierons pas ton passage et encore moins que la suite de Noire Neige, « Noire Mer » donc, est prévu quelque part courant le printemps/l’été 2016. Nous attendons patiemment ! Pour ma part, je te dis également bientôt au Salon Fantastique, Espace Champerret, où j'aurai, j'espère, l'honneur de te rencontrer en chair et en os ! Merci encore et bonne soirée :)



Merci d'avoir pris le temps de lire cet article et 
N'oubliez pas de suivre l'auteur !


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3 commentaires:

  1. Réponses
    1. Tu ne regretteras pas je pense ;) Sauf si tu es contre la "dark fantasy", hihi ^_^

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  2. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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